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Portfolios


David Prudhomme

28 AOU 2024
Adrien Rivierre

En 2004, lors d’un premier voyage au Japon, l’illustrateur et auteur de bande dessinée David Prudhomme tombe passionnément amoureux de ce pays. Et comme cela se sait, l’association culturelle bordelaise Regard9 l’invite en 2012 à assister au dernier tournoi de sumo de la saison qui se tient dans la ville de Fukuoka, le Kyūshū Basho.

Observant ces athlètes, véritables dieux vivants sur l’archipel, l’artiste croque le moindre détail de leurs entraînements, des derniers préparatifs avant de rejoindre l’arène et des affrontements épiques qu’ils se livrent. Une fois revenu en France, il partira de son carnet rempli de dizaines de croquis pour produire un kaléidoscope de 300 dessins rassemblés dans l’ouvrage Sumographie. Réalisé avec la journaliste et éditrice Sonia Déchamps, ce recueil offre une curieuse plongée dans l’histoire et les subtilités de ce sport encore énigmatique pour beaucoup d’Occidentaux.

David Prudhomme révèle la beauté de cette pratique grâce à la variété de ses techniques picturales : mine de plomb, feutre, acrylique, aquarelle, pastels à la cire… Véritable hommage à cet art de la lutte d’un autre temps, son étude prend vie à travers la multiplicité des mises en situation choisies. Si les portraits rappellent furieusement ceux de Tōshūsai Sharaku, grand maître de l’estampe japonaise, les scènes de combat montrent avec une grande minutie les prises si singulières de cet art martial ancestral.

En empathie avec ces artistes lutteurs, David Prudhomme enrichit l’aspect documentaire de son travail en façonnant des représentations plus oniriques et fantasmées. Il s’amuse alors à transformer le corps des sumos en les roulant en boule ou en leur conférant des proportions incongrues. Sur le plan graphique, il fait exploser la palette de couleurs, avec notamment ce rouge ocre qui souligne la furie intérieure nécessaire pour espérer remporter le duel.

Cette formidable liberté esthétique nous offre l’opportunité de redécouvrir ce sport herculéen. La brutalité laisse place à la poésie. Le poids et le gigantisme des corps s’effacent devant la puissance de la légèreté
et la fluidité des mouvements.

Toutes les illustrations de ce portfolio sont issues de Sumographie, David Prudhomme et Sonia Déchamps © Éditions Soleil, collection Noctambulle, 2019.