Clémence Gouy est une artiste, illustratrice et designer. Engagée sur les questions d’inclusion sociale, de féminisme et des droits des personnes LGBTQ+, elle collabore principalement avec des associations, médias ou marques qui sont elles aussi concernées par ces thématiques.
Vous travaillez avec des couleurs très vives, qu’est-ce qui vous a amenée vers ce genre d’univers visuel ?
Cela vient de mes goûts personnels. Même lorsque j’essaie de travailler avec des teintes comme le noir et blanc ou des couleurs plus neutres qui ne sont pas forcément celles que j’ai l’habitude d’utiliser, je vais, très naturellement, avoir tendance à revenir vers des tons vifs. C’est aussi une manière d’attirer l’attention. Il y en a qui misent d’abord sur la composition ou la typographie. Me concernant, la couleur reste toujours la porte d’entrée de mon travail.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je m’inspire beaucoup du design rétro, des posters des années 1960, 1970 et 1980, mais aussi des mythologies, anciennes comme modernes. Je tire également des idées du monde de l’art classique. J’aime bien aller chercher des références dans les tableaux plus anciens des grands maîtres de la peinture. J’essaie d’en reprendre des effets de composition ou de contraste. Ce que je fais reste très figuratif, mais je trouve cela stimulant d’aller se servir dans des références classiques pour les remettre un peu au goût du jour.
Vous êtes également attentive à l’inclusivité dans vos dessins. Pourquoi cela est-il important pour vous ?
Les images que nous créons s’inspirent visuellement de ce qui nous entoure mais elles influent aussi sur le monde. Je trouve cela très important d’être conscient de cette responsabilité. Néanmoins, j’ai conscience que je parle depuis la place d’une personne blanche à peu près dans les normes en termes de morphologie. Ainsi, j’essaie de ne pas me placer en position de parler « à la place de » mais plutôt de « représenter » et « porter la voix de ». C’est un travail constant car nous sommes éduqués dans une société, en tout cas en France, blanche, plutôt hétéronormée et pas tout le temps féministe. Nous grandissons donc avec des codes. D’ailleurs, j’ai pu commencer à dessiner des choses très stéréotypées dont j’essaie aujourd’hui de me détacher au fur et à mesure. Je veux participer à représenter un monde plus divers.
Par quoi cela passe-t-il ?
Par la différenciation des corps par exemple. Pour cela, je vais regarder beaucoup de photos de personnes avec des corps différents, et les personnes qui m’entourent, tout simplement. Je fais aussi attention à varier les traits du visage, les âges aussi, ce qui n’est pas forcément facile car souvent les artistes représentent des personnes plutôt jeunes.
Y a-t-il un projet récent qui vous a particulièrement plu ?
À l’occasion des Jeux olympiques, j’ai travaillé sur le sujet de la représentation des femmes dans le sport. Sur le fond, cela consistait à illustrer des sujets qui me tiennent à cœur comme visibiliser les femmes et apporter plus de diversité et d’inclusion. Sur la forme, j’ai créé une image avec deux championnes de basket 3×3 qui a ensuite été transformée en terrain de basket dans le 11ᵉ arrondissement de Paris. Ce terrain est également utilisé comme cour par une école attenante. Nous savons que la question de la visibilité des femmes athlètes professionnelles a directement un impact sur l’égalité et le partage de l’espace sportif chez les plus jeunes. Je suis fière de participer à ces changements sociétaux.
Pour découvrir plus en détails le travail de Clémence Gouy, rendez-vous sur son site