Ce qui frappe immédiatement dans le travail d’Alexandre Clérisse, c’est la couleur. Omniprésente, lumineuse et très riche, elle flirte parfois avec le psychédélique et rayonne le plus souvent à travers une atmosphère pop pastellisée, à la lisière du rétro. Au-delà de cet enchevêtrement géométrique de couleurs, son style unique se distingue également par une composition recherchée et graphique dont le foisonnement donne l’impression que les décors pourraient se déployer à l’infini.
Diplômé de l’École européenne supérieure de l’image (EESI), l’artiste est un véritable touche-à-tout du dessin. Il travaille aussi bien pour des magazines que pour la presse, tout en se dédiant régulièrement au graphisme, avec, par exemple, la réalisation d’affiches pour des institutions et événements culturels. Mais, surtout, il jouit d’une solide renommée dans la BD. Sa collaboration avec le scénariste Thierry Smolderen a donné naissance à des ouvrages plusieurs fois primés, comme L’Été Diabolik et Une année sans Cthulhu. Avec Souvenirs de l’empire de l’Atome, les deux artistes rendent hommage au « style atome », associé au journal Spirou et popularisé par l’école belge de Marcinelle. L’ouvrage obtient le prix de la meilleure bande dessinée de science-fiction des Utopiales et le Grand prix de l’Imaginaire BD.
Le talent d’Alexandre Clérisse s’exprime enfin dans la maîtrise de récits denses, jamais avares d’intrigues sinueuses. Ainsi, pour son roman graphique Feuilles volantes, il ne fait pas l’économie d’un scénario complexe, parfaitement maîtrisé, où les aventures de trois personnages se déploient telles des poupées gigognes. Ce scénario prend encore davantage d’ampleur grâce à quelques planches qui renvoient aux célèbres enluminures des Très Riches Heures du duc de Berry et nous plongent dans un univers où les frontières du temps s’estompent. Il faut dire que les mondes d’Alexandre Clérisse sont ainsi faits que nous avons envie d’y rester prisonnier !
Toutes les illustrations de ce portfolio sont issues de deux séries autour de son album en collaboration avec Thierry Smolderen, Les déboires de Norman Bold : MoonLight Express, à paraître aux éditions du Seuil. La première série, réalisée en technique traditionnelle – encres de couleur et encre de Chine – était exposée à la librairie Les bulles de Vienne lors de l’édition 2024 du festival Jazz à Vienne. La seconde, réalisée en numérique, est une déclinaison de pochettes de vinyles imaginées pour son personnage, Norman Bold.