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Portfolios


Bianca MacCall

10 MAI 2024
Adrien Rivierre
© Bianca MacCal – Harbourside, 2021 (détail)

De jour comme de nuit, une incessante agitation et le vacarme provoqué par des rues bondées. Et, au cœur de cette frénésie, des millions d’hommes et de femmes pris dans un tourbillon infini qui réduit leur quotidien au triste triptyque métro, boulot, dodo. Avec un tel portrait de la ville moderne, pas étonnant que le citadin soit si souvent associé à sa volonté de ralentir !

L’œuvre de la peintre anglaise Bianca MacCall met précisément cette course folle sur pause. Si le paysage de la ville reste, le temps semble se figer momentanément pour révéler toute sa profondeur. À première vue, nous contemplons ainsi des rues, des bureaux, des transports en commun… vides. Les cadrages rapprochés renforcent cette impression de désertion en nous projetant dans un espace qui tire sa puissance poétique d’une anormalité : le calme en pleine ville.

Mais n’allez pas croire que l’artiste nous invite à la jouissance de l’ici et maintenant. Car, à y regarder de plus près, les quelques figures humaines et animales qui apparaissent semblent adopter sur elles-mêmes A Closer Look (titre d’une exposition de Bianca MacCall à la galerie Soho Revue à Londres). Subie ou recherchée – nous ne savons jamais réellement –, l’introspection finit par infuser dans toutes les surfaces de la ville qui, tels des miroirs, autorisent un moment de réflexivité, pas toujours réjouissant à en croire certains visages.

Bien au-delà du réalisme des scènes représentées se cache un univers onirique et mélancolique où, peu à peu, la géométrie des formes laisse place au mouvement. Mouvement des flux naturels. Le vent, les nuages, la lumière du soleil, les reflets sur les surfaces vitrées nous donnent à voir l’invisible et le fugace. Mais également mouvement de l’âme. Prenez les fenêtres des immeubles, des trains, des maisons pavillonnaires. Grâce aux reflets et aux rideaux tendus, elles offrent une réflexion sur l’intimité, une intimité qui se tisse là où nous ne l’attendons pas, au cœur du béton et des structures de métal.

© Bianca MacCal – Commuter I & Commuter II
© Bianca MacCal – Daydream & The Way Back

 

© Bianca MacCal – Blue Balls, 2022