Avec leurs couleurs vives et ce trait touffu, les illustrations d’Émilie Seto sont reconnaissables en un clin d’œil. Installée depuis quelques années à Marseille, l’artiste croque principalement la cité phocéenne, mais balade également ses crayons de couleur au gré des résidences, en France comme à l’étranger.
Vous êtes notamment connue pour vos dessins de Marseille, qu’est-ce qui vous intéresse dans le fait de dessiner la ville ?
Je suis assez attachée à la notion de « chez soi ». Je viens de Lyon mais quand je suis arrivée à Marseille, il y a six ans, je me suis entraînée à dessiner – essentiellement des paysages. Cela m’a forcée à aller explorer la ville, en dehors du centre, qui par ailleurs était déjà très représenté. Je me rendais donc dans des quartiers où personne ne se promenait. Je suis fière d’avoir représenté des endroits de Marseille qui n’avaient jamais été dessinés auparavant. J’aime me déplacer dans toute la ville et aller au bout des lignes de métro. Ce projet me nourrit beaucoup car, quand j’ai commencé à poster mes dessins sur les réseaux sociaux, beaucoup de Marseillais ont eu des réactions très enthousiastes. Dessiner la ville était aussi pour moi une manière de me faire des amis.
Avec quels médiums travaillez-vous ?
Pour tous mes dessins de Marseille, mais aussi, de manière plus large, tous mes paysages, j’utilise des crayons de couleur, quelques fois l’aquarelle ou des feutres. Pour les commandes, que ce soit pour la presse ou pour des marques, j’utilise la tablette avec Photoshop. Les délais sont souvent très courts, or reprendre un dessin fait au crayon me demande entre 8 heures et deux jours de travail. Le rendu sur tablette est aussi plus pop, ce qui correspond davantage à une parution dans un journal ou un magazine.
Vous dessinez principalement à partir de photos ?
Oui, déjà parce que je suis très timide : dès que l’on dessine dehors, on devient vite une bête de foire, encore plus lorsque l’on est une femme. Lorsque je me rends dans un endroit que je veux dessiner, je prends ainsi plusieurs photos sur place, avec des angles différents. Cela me permet également de garder plusieurs points de vue dans l’œuvre finale. Mon travail s’apparente en quelque sorte à un collage dessiné.
Vos dessins sont très colorés, qu’est-ce qui vous a poussée vers cet univers ?
Je suis une très mauvaise technicienne, que ce soit en matière de perspective, d’anatomie ou de volume. La couleur est le seul domaine où je suis bonne ! Je n’ai pas à me forcer, je ne réfléchis pas des heures pour savoir quelle couleur je vais choisir, cela me vient naturellement. Je connais par cœur mes crayons et je sais exactement les associations possibles.
Vous avez réalisé beaucoup d’illustrations pour la presse. D’après vous, qu’apporte le dessin par rapport à la photo dans un journal ou un magazine ?
Quand on dessine pour la presse, il faut trouver une astuce, une métaphore graphique, pour faire passer l’idée entière du texte ou l’un de ses angles importants. Si la photo est très utile pour documenter, elle peine, à elle seule, à symboliser tout un article, ou alors il faudrait la mettre en scène. Ensuite, un dessin peut plus facilement illustrer des choses très violentes, qui deviendraient vite choquantes avec le réalisme de la photo.
Quels sont vos projets futurs ?
J’aimerais bien à l’avenir découvrir les mondes graphiques d’Asie de l’Est, avoir des expositions ou des commandes qui proviennent davantage de cette partie du monde (Émilie Seto est actuellement exposée en Chine, ndlr) que de l’Europe ou des États-Unis.
Pour découvrir plus en détails le travail d’Émilie Seto, rendez-vous sur son site.